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C’est avec une immense tristesse que le Comité Olympique et Interfédéral Belge a appris le décès du Comte Jacques Rogge à l’âge de 79. Jacques Rogge est né à Gand le 2 mai 1942.  Il a été le président du Comité Olympique et Interfédéral Belge de 1989 à 1992. De 2001 à 2013 il a assuré la présidence du Comité International Olympique (CIO).

Au cours de sa carrière sportive, Jacques Rogge possédait déjà les qualités qui le mèneront plus tard au sommet de la scène sportive internationale en tant que directeur sportif. Il montrait un grand intérêt pour divers sports. Sa discipline stricte et sa persévérance ont fait de lui un concurrent redoutable, mais sans pour autant ne jamais perdre de vue les valeurs du sport.

C’est en voile que Jacques Rogge a remporté ses plus grands succès sportifs: il a gagné le Yachting World Cadet Trophy, a été 16 fois champion de Belgique et a pris part à 3 Jeux Olympiques en classe Finn (Mexico City 1968, Munich 1972 et Montréal 1976). En rugby, il a été membre de l’équipe nationale belge et champion de Belgique. Il exerçait ses activités sportives en parallèle avec sa vie professionnelle. En effet, il était docteur en médecine, chirurgie et obstétrique et licencié en médecine du sport avec sa spécialisation de chirurgien orthopédique.

Le 10 mars 1973, Jacques Rogge rejoignait le conseil d’administration du COIB et ce, en tant que tout premier athlète encore actif. Trois ans plus tard, le 29 novembre 1976, il est élu vice-président. Il a dirigé les délégations belges aux Jeux Olympiques d’été de Moscou 1980, Los Angeles 1984 et Seoul 1988 et aux Jeux Olympiques d’hiver d’Innsbruck 1976 et Calgary 1988. En tant que chef de délégation, il a réussi grâce à ses talents de diplomatie à rassembler les athlètes pour en faire une équipe belge forte et unie. Il leur a enseigné leurs droits mais également leurs devoirs. ‘Les athlètes doivent toujours veiller à rendre au sport, ce que le sport leur a donné’, disait-il à ce propos.

Le 18 mars 1989, Jacques Rogge succédait au Chevalier Raoul Mollet à la présidence du COIB. Mollet fut un exemple, tant durant sa carrière sportive qu’après.

En 1989, Jacques Rogge a été élu président des Comités Olympiques Européens (COE). C’est dans cette organisation, qu’il a pour la première fois laissé son empreinte personnelle sur le plan de la scène olympique internationale. C’est ainsi qu’en 1991 sous son impulsion, les Journées Olympiques de la Jeunesse Européenne (JOJE) ont vu le jour et la première édition s’est déroulée à Bruxelles. Cette compétition olympique multidisciplinaire rassemble les jeunes athlètes prometteurs de toute l’Europe. Actuellement, cet événement se nomme le Festival Olympique de la Jeunesse Européenne (FOJE) et se tient tous les deux ans avec une édition d’été et une édition d’hiver. Cet événement est devenu une compétition de haut niveau pour les jeunes talents sportifs où le sport de haut niveau et les valeurs olympiques vont de pair. Dans le même esprit, et toujours sous l’influence de Jacques Rogge, le CIO a mis sur pied en 2010 les Jeux Olympiques de la Jeunesse (JOJ). A une époque où le nombre d’enfants en surpoids augmente et où les adolescents se désintéressent du sport, principalement dans les pays développés, Jacques Rogge se tourne vers les jeunes. ‘Nous le devons aux jeunes du monde entier’, disait le président du CIO alors qu’il annonçait l’organisation des premiers Jeux Olympiques de la Jeunesse.

En 1991, Jacques Rogge devient membre du CIO. Au sein du Comité International Olympique, il fait partie de différentes commissions, entre autres celle du Mouvement olympique, de la solidarité olympique et du programme olympique et de la commission médicale dont il sera vice-président de 1994 à 2001. En 1998, il rejoint la commission exécutive du CIO. Le président du CIO, Juan Antonio Samaranch le nomme président des commissions de coordination pour les Jeux de Sydney 2000 et Athènes 2004. En 1993, il décide de se consacrer entièrement à ses fonctions au sein du CIO et termine son mandat de président du COIB mais il restera jusqu’en 2013 le représentant du CIO au COIB.

Lors de la 112e Session du CIO à Moscou en 2001, Jacques Rogge a été élu président du Comité International Olympique par les membres du CIO. Il succède ainsi au président espagnol Juan Antonio Samaranch, et devient après le Comte Henri de Baillet Latour, le deuxième Belge de l’histoire des Jeux Olympiques à la tête de la plus grande organisation sportive au monde. Huit ans plus tard, lors de la Session du CIO à Copenhague, les membres l’ont soutenu massivement pour le renouvellement de son mandat jusqu’en 2013.

La politique de Jacques Rogge a mené le CIO vers une stabilité progressive, tout en mettant l’accent sur quelques grands piliers. Restaurer les valeurs olympiques fondamentales a été le fil rouge de toute sa carrière de directeur sportif. Sous sa présidence, le CIO a fait un bond en avant dans la lutte contre le dopage. En 1999, il était lui-même membre fondateur de l’Agence Mondiale Antidopage (AMA). Sous son impulsion, le CIO a fait une priorité de tendre vers la tolérance zéro. Les dernières années de son mandat, il a également insisté sur la lutte contre les paris sportifs illégaux. Dans ce dossier aussi, le CIO a joué un rôle primordial.

Le parcours de Jacques Rogge compte également six organisations exceptionnelles des Jeux Olympiques, trois éditions hiver et trois éditions été. Ici aussi, sa principale préoccupation était de revenir à l’essence même des Jeux Olympiques et de freiner la taille en constante croissance de l’organisation. Cette pensée était bien présente lors des premiers Jeux Olympiques de la Jeunesse à Singapour, une compétition pour jeunes qui met l’accent sur les athlètes et les valeurs du sport. En plus, Jacques Rogge a réussi à maintenir les finances du CIO sur les rails.

Les qualités et réalisations de Jacques Rogge vont bien au-delà de nos frontières. Il s’est distingué avec plus d’une dizaine de titres scientifiques et honorifiques. En Belgique, en 1992, le Roi Baudouin le fait chevalier et en 2002 le Roi Albert lui remis le titre de Comte. Malgré tous ces hommages Jacques Rogge reste très modeste: ‘J’ai hérité de Samaranch un CIO en bon état et le transmettrai dans un tout aussi bon état à mon successeur’, disait-il.

Il va sans dire que la Belgique et le monde international du sport perd avec Jacques Rogge, une des plus grandes personnalités de l’histoire olympique.

Le COIB adresse ses plus sincères condoléances à son épouse, ses enfants, sa famille et ses amis.